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A Bogotá , les murs s'expriment!

  • Kaia Te
  • 16 mars 2020
  • 5 min de lecture

Ce qui m'a tout d'abord frappé à Bogotá, bien plus que le froid dont je parlais dans le précédent article, ce sont tous ces murs graffés et colorés. On compte quelques 5000 peintures dans les rues de la capitale. Bogotá serait l'une des villes avec le plus de graffitis au mètre carré. Ce n'est pas pour rien qu'elle a été désignée capitale latino-américaine du graffiti! Ces peintures nous racontent chacune une histoire et nombreuses sont celles qui défendent la paix et qui condamnent les dégâts causés par le conflit armé.



Mon cousin et sa copine sont enfin avec nous, on ne va pas rester très longtemps à Bogotá, étant donné le périple qu'on a programmé de faire les jours suivants. Mais on garde tout de même une journée et demie pour s'assurer de voir un maximum de choses, découvrir comment vivent les Bogotanais ( ça sonne bizarre), discuter avec les habitants, prendre en photos des paysages atypiques et aller visiter au moins un musée. Je retrouve aussi Diego, un ami d'enfance que j'ai connu sur les banc de l'école primaire. Maman mexicaine, papa français, il bosse à Bogotá en tant que journaliste, missions essentiellement orientées sur la criminalité colombienne. "¡Que loco!" J'avais hâte de revoir sa bouille!


Du quartier de la Candelaria, où on avait laissé nos affaires dans l'auberge de jeunesse, on décide de prendre le funiculaire pour grimper jusqu'Al Cerro de Monserratte. Le cerro (ou colline en français) de Monserrate est l’un des cerros orientales de la ville. On surplombe tout le quartier de la Candelaria, situé à l’extrémité est de la capitale, à 3 152 mètres d’altitude et près de 600 mètres au-dessus de la ville. Comptez 20 000 COP l’aller-retour!



Les points de vue sont vertigineux, et permettent d’apprécier toute la ville d’un coup d’œil. Il y a aussi une église, l'église Nuestra Señora de la Cruz de Monserrate qui trône à son sommet, construite au XVIIe siècle et rebâtie au XXe suite à un tremblement de terre sous son nouveau nom, basilique du Señor de Monserrate. Une colombienne que j'ai rencontré en France m'a dit que c'était un chef lieu saint de la ville, et pas seulement un endroit à touristes, les locaux aussi viennent par milliers s’y recueillir.


On passe notre après- midi dans le centre de Bogotá, pas de programme prédéfini, on verra bien au "pifomètre" sur quoi on tombe:


Eglise el Santuario Nuestra Senora del Carmen, type gothique


On passe devant le musée del Oro, à côté du parc Santander. "Mathilde on y va!?" Je sens une grande hésitation dans son regard et celui de mon cousin. On jette un œil sur le net, au vu des commentaires sur le Petit futé, la visite permet d'apprendre beaucoup sur l'histoire du pays, mais il faut prendre une après-midi entière pour voir tout. Ce musée conserve plus de 34 000 pièces en or et plus de 20 000 autres en céramique, en pierre, en os, en coquillage, en bois et en textile. Il a été inauguré en 1939 pour éviter la dispersion des trésors précolombiens . C’est aujourd’hui la plus grande collection jamais réunie d’objets en or pré-hispaniques au monde. Bon, on a pas le temps. On optera finalement pour le musée de Botero.

Ce musée est situé dans une belle maison avec patio et regroupe les œuvres de Botero mais aussi sa collection personnelle et en plus c'est gratuit!! ( ça nous arrange bien!) Peintre et sculpteur colombien, Fernando Botero est né en 1932 à Medellín, ville célèbre pour avoir été le fief du trafiquant Pablo Escobar (on le verra au cours de notre voyage). Style atypique, bien à lui et très reconnaissable, on dévore des yeux des personnages et des objets grossis, enflés, mais aux détails toujours précis. Autant peintre que sculpteur, il est sans doute l’artiste vivant le plus connu d’Amérique du Sud!





Un des éléments propres au style « Botero », reste l’expression parfaitement stoïque des personnages. Ils ont tous l'air de faire la gueule. Même dans les portraits, les visages n’expriment aucune émotion et paraissent imperturbables.

Et quel que soit le sujet, ce que j'ai adoré, c'est que les personnages de Botero ont toujours le même physique grassouillet ! Qui plus est, c'est un artiste engagé! Il évoque dans ces œuvres toute sorte de sujets : tauromachie, prostitution, scène de fêtes, scènes religieuses…En sortant du musée, on parcourt les rues animées du centre ville où des musiciens jouent Eye Of The Tiger de Survivor (pas très typique de la Colombie pour le blog) et des vendeurs de bijoux étalent leurs marchandises sur les trottoirs.



Au coin d'une rue, je tombe sur une roda de Capoeira, art martial afro-brésilien (merci la mondialisation!) qui a ses racines dans les techniques de combat des peuples africains du temps de l'esclavage au Brésil. Ici, la capoeira s'est faite connaitre entre 1993 et 1995 et, comme il n'y avait pas les mêmes matériaux pour confectionner les instruments de musiques brésiliens, les colombiens ont entrepris de les créer à leur manière, à partir de palos de café et de bambou pour imiter au mieux les "birimbaos" et "atabaques" brésiliens.




Les graff de Bogotá: un musée à ciel ouvert


Dans n'importe quel pays, le graffiti a longtemps été mal considéré, acte de vandalisme pour certains ou de rébellion insensée pour d'autres. Aujourd'hui, il semble faire peau neuve et est devenu, à juste titre, un art à par entière dans l'espace public. (Je ferai un focus sur un graffeur connu à Medellín dans un prochain article, et, dans ma rubrique "Culture", un autre post sur un artiste réunionnais très talentueux qui fait des graff magnifiques un peu partout sur l'île). C'est donc un véritable art de rue ici et la municipalité de Bogotá commande maintenant des réalisations de grandes envergures pour lesquelles elle rémunère les artistes. Cela encourage un graffiti de qualité tout en reconnaissant le talent des artistes!

Les graff qu'on retrouve à Bogotá mettent en avant la diversité des paysages colombiens, de l'Amazonie ou des Caraïbes, l'histoire des différentes cultures et du colonialisme, l’abondance des animaux présents sur le territoire, et l' écosystème incroyable que j'aurai l'occasion de vous faire découvrir plus tard.

Beaucoup de fresques urbaines de la Candelaria, en passant par el Barrio Santa Fe, la Calle 26 ou 80 , la Avenida Teusaquillo ou encore El Dorado.


“Le graffiti, malgré les nombreuses règles et nouvelles lois dont il est tributaire, ne meurt jamais. Il y aura toujours des gens qui seront en désaccord avec certaines choses et qui vont s’exprimer à travers les graffitis, que ce soit légal, illégal, ou du vandalisme “ Edgar Russi, Graffeur

Laisser le droit aux graffeurs de créer et les reconnaître à leur juste titre, leur laisse une opportunité en or pour embellir les murs avec des graffitis magnifiques.



Le graffiti est un moyen d'expression et de revendication puissant pour les jeunes générations. Ils expriment leurs idées et leurs positions et participent, à leur manière, au débat culturel, intellectuel et politique d’un pays au passé politique tumultueux et complexe.












Clement et moi dans la Candelaria.


Finalement, j'avais des à prioris sur cette capitale: ville embouteillée, froide et tentaculaire en comparaison avec l’exotique Carthagène ou Medellín. J'entendais des touristes, avant de partir là-bas, qui disaient avoir fait l’impasse sur la capitale colombienne. Eh bé autant dire que je suis très satisfaite d'avoir pris un peu de temps pour la découvrir!!




Bye bye Bogotà!

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